Assise sur le banc glacé du parc, les yeux encore embués de larmes, Asha fixait l’inconnu qui venait de s’asseoir à côté d’elle. L’homme semblait sorti de nulle part, comme une silhouette imaginaire dans la pénombre, mais il dégageait une étrange sérénité. Son visage ridé et ses cheveux poivre et sel contrastaient avec ses yeux, d’une vivacité presque juvénile. Un petit sourire apaisant flottait sur ses lèvres, comme s’il comprenait tout sans qu’elle ait besoin de dire un mot. 

« Je ne cherche pas à être sauvée, » murmura t’elle, la voix encore tremblante après la violente dispute avec Mahdi. « Je ne sais même pas pourquoi je parle à un inconnu. ». 

Le vieil homme inclina légèrement la tête. « Parfois, parler à un inconnu est plus facile. Parce qu’il n’attend rien de vous. Il ne juge pas. ». Elle tourna la tête vers lui, essuyant rapidement ses larmes du revers de la main. D’un ton véhément, elle lui répondit : « Vous ne pouvez pas comprendre. Vous ne savez rien de moi. ». L’homme ne semblait pas perturbé par son agressivité. Il haussa simplement les épaules. 

« Peut-être que non. Mais je connais bien la souffrance. On la voit dans les yeux de ceux qui la portent. C’est comme un fardeau qui tord les épaules et creuse les traits. Elle ne peut pas se cacher, elle parle trop fort sans dire de mots. Elle défigure mais est trop perspicace pour laisser ceux qui la portent l’avouer. » 

Asha le fixa, surprise par la justesse de ses paroles. Elle baissa les yeux, regardant ses mains tremblantes. « Je ne suis pas assez forte, » murmura- t-elle, presque prête à recommencer à pleurer. « Je gâche tout. Toujours. Il semble que je sois programmée pour ça. » 

Le silence retomba, lourd et pesant, jusqu’à ce que l’homme prenne doucement la parole, d’une voix presque chuchotée. « La force ne se mesure pas à l’absence d’erreurs, mais à la capacité à se relever après chaque chute, peu importe le nombre de chutes. ». Asha soupira, exaspérée. « Ce sont de belles paroles. Des phrases toutes faites. Mais la réalité est différente. Je ne peux pas fuir ce que je suis, et je suis… brisée. » 

Le vieil homme lui dit en pesant chacun de ses mots : « Je ne dis pas que la route est facile. Mais fuir n’a jamais guéri personne. ». Il plongea son regard dans celui de Asha, ses yeux comme des puits profonds d’où émanait une sagesse ancienne. « Vous pensez vraiment être brisée, mais la vérité, c’est que vous vous protégez d’une douleur que vous n’avez jamais affrontée. ». 

Elle frissonna. Ses paroles résonnaient d’une manière qu’elle n’avait pas anticipée. C’était comme s’il parlait à cette part d’elle-même qu’elle s’évertuait à enfouir depuis si longtemps. « Vous ne savez rien de moi, » répéta-t-elle, mais sa voix manquait de la conviction qu’elle voulait y mettre. 

L’homme avait touché un point sensible, et elle sentait son armure se fissurer. Il laissa échapper un léger rire, sans moquerie. « Non, je ne sais pas tout. Mais je vous ai observée. Et je vois une femme en guerre avec elle-même. Une guerre silencieuse mais épuisante. ». Asha baissa la tête. 

Elle repensa à Mahdi, à la dispute, aux mots qu’ils s’étaient échangés. Il avait raison. Elle le savait. Mais il ne comprenait pas l’ampleur de son vide intérieur, cette douleur sourde qui l’avait accompagnée toute sa vie. Comment aurait-il pu ? « Il voulait m’aider, » murmura-t-elle presque pour elle-même. « Mais je ne sais même pas ce qui pourrait m’aider. Je suis fatiguée de me battre. ». 

Le vieil homme resta silencieux un moment, lui laissant l’espace nécessaire pour exprimer cette douleur. Puis, avec douceur, il demanda : « Et si ce n’était pas une question de se battre ? Peut-être qu’au lieu de lutter contre cette douleur, il faudrait simplement l’accepter, la reconnaître. Ce vide que vous ressentez… peut-être qu’il ne peut être comblé que par votre propre amour. ». Asha fronça les sourcils. « Qu’est-ce que vous voulez dire ? ». 

« Ce que je veux dire, c’est que vous cherchez des réponses à l’extérieur de vous-même. Dans les relations, dans le travail peut-être… l’alcool peut-être … Mais les réponses que vous cherchez sont en vous. Il faut apprendre à être seule avec cette douleur sans la fuir. Peut-être que c’est elle alors qui vous fuira, qui sait ? » répondit-il. Elle ne parla pas tout de suite. 

L’idée de rester seule face à ses démons l’effrayait plus que tout. Mais une part d’elle comprenait que l’homme avait peut-être raison. Elle avait toujours cherché des échappatoires, refusant de regarder la blessure en face. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle n’avait pas d’amis et aimait fonctionner seule. 

Elle redoutait de laisser les autres pénétrer son univers. Ils auraient vu au-delà de son rire éclatant. Ils auraient vu ce qui se cachait derrière cette femme toujours impeccable et bienveillante, qui paraissait si intelligente et qui avait toujours des solutions et des conseils sages pour tous les autres. Ils auraient découvert ses insécurités. 

Le silence s’étira entre eux. Le vieil homme ne semblait pas pressé de partir, comme s’il attendait patiemment qu’elle prenne la mesure de ses propres pensées. Finalement, Asha brisa le silence. « Et comment on fait ça ? » demanda-t-elle. Le vieil homme retorqua : « Ce n’est pas facile. Cela demande du temps, de la patience. Mais il existe des gens qui peuvent vous accompagner dans ce chemin. Vous n’avez pas à le faire seule. ». 

Asha haussa un sourcil, un mélange de scepticisme dans le regard. « Des gens … comme … vous ? ». « Oui. Je peux vous aider, vous guider, si vous le souhaitez. Mon nom est Cheikh. On peut se tutoyer maintenant. », dit-il. « Cheikh ? » répéta t’elle, surprise par le nom, étrangement familier. Il avait quelque chose de rassurant, comme une figure d’un autre temps. « Oui. Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, mais je peux vous accompagner sur cette route, si vous êtes prête à faire le premier pas. ». 

Asha le fixa, les yeux plissés. Elle avait toujours été méfiante, surtout envers les gens qui semblaient trop prêts à l’aider. Mais il y avait quelque chose dans l’aura de cet homme, dans la manière dont il parlait, qui éveillait une part d’elle qu’elle croyait morte depuis longtemps. Une petite étincelle d’espoir. Peut-être était-elle épuisée de tout fuir, peut-être avait-elle envie de croire, ne serait-ce qu’un instant, que les choses pouvaient changer. 

Elle soupira longuement, avant de murmurer : « Je ne sais pas si je suis prête. Pour quoi que ce soit. ». Il répondit : « Personne ne l’est jamais vraiment. L’important, c’est de ne pas fermer la porte avant d’avoir essayé. ». Ils restèrent là, assis en silence sous les étoiles, les bruits lointains de la ville et les autres occupants du parc comme un murmure à peine perceptible…

Ce texte est un extrait du livre « L’APPEL DE L’AUBE » écrit par Winnie KITIO .  
Nous vous invitons à lire l’article suivant “L’ÉVASION EMPOISONNÉE“.

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