Ruben Saillens naît à Saint-Jean-du-Gard, dans les Cévennes, dans une famille protestante de tradition réformée qui se rattache au darbysme puis rejoint l’Églises libres. Il est attaché à l’héritage de Jean Calvin. Par un choix personnel, il devient pasteur baptiste : « orateur brillant, fondateur d’églises, chantre prolifique, écrivain et poète, ce Cévenol d’origine réformée a marqué son temps ».

Consacré comme pasteur le 18 août 1879, il assure l’intérim à l’Église évangélique baptiste de Paris, 48 rue de Lille. Il collabore auprès du pasteur Robert Whitaker McAll au développement de la Mission populaire évangélique. En 1888, il fonde une église baptiste au 133 rue Saint-Denis, qui déménage au 61 rue Meslay puis en 1928 inaugure ses locaux au 163bis rue Belliard dans le 18e arrondissement de Paris – l’Église du Tabernacle. En 1905, son gendre Arthur Blocher partage la tache pastorale avec lui, puis à sa mort en novembre 1929 lui succède Madeleine Blocher-Saillens, épouse d’Arthur Blocher et fille de Ruben Saillens. C’est la première femme pasteure en France.

Ruben Saillens traverse une crise personnelle en 1886. C’est un tournant et, après cette date, il s’investit beaucoup dans l’expansion baptiste en France à laquelle il apporte une « impulsion décisive ». À partir de 1905, las des divisions et querelles internes aux églises baptistes françaises, il prend du champ et se tourne vers l’ensemble des publics protestants. Il se consacre alors en priorité à la prédication évangélique, dans un cadre interconfessionnel, comme dans les conventions de Lézan et Nîmes (France), Chexbres et Morges (Suisse). Il publie des écrits théologiques et des recueils de prédication. Il fonde en 1921, avec son épouse Jeanne, l’Institut biblique de Nogent-sur-Marne. Selon Sébastien Fath, il milite pour l’envoi d’un pasteur auprès des bagnards de Cayenne et s’engage en faveur d’Alfred Dreyfus.