DE MAÎTRESSE À MARÂTRE.
Jacqueline avait pleinement profité de cette situation qui était tout à son avantage. La séparation de Daniel et Irène, bien qu’ils n’aient pas engagé de procédure de divorce, lui donnait la pleine liberté pour occuper progressivement la place laissée par celle-ci.
Daniel prit un appartement avec ses deux fils dont il avait désormais la garde exclusive et en prenait bien soin, bien que cela n’était pas aisé pour lui tout seul. L’occasion faisant le larron, Jacqueline profitait du temps d’un après-midi après travail pour passer leur faire à manger.
Puis, d’un soir à un week-end et d’un week-end à une semaine, jusqu’à son installation définitive avec eux dans leur nouveau domicile. C’était un nouveau point de départ dans la vie de Daniel et ses deux fils. Celle qui fut jadis sa maîtresse avait gravi des échelons passant ainsi de maîtresse hors de la maison, à maîtresse de maison. Ses deux fils eux, voyaient leur mère être remplacée par une marâtre.
Sensible à ce que les garçons avaient subi comme traumatisme, elle se montrait attentionnée et compatissante à leur égard. La cohabitation de cette nouvelle famille recomposée n’était pas du tout facile, Jacqueline avait amené un nouveau rythme de vie qui cassait l’ambiance et la complicité qui existait d’antan entre les trois hommes de la maison.
Dans le but de faire bonne figure, elle avait été informée de la piété d’Irène et elle espérait gagner le cœur de ses petits garçons par ce canal. Essayant de perpétrer les bases de la vie chrétienne qu’Irène avait commencé à inculquer à ses enfants, elle avait pensé à maintenir les petits garçons dans la marche avec le Seigneur Jésus Christ.
C’est à cœur joie qu’ils s’adonnaient à la lecture des textes bibliques, à son interprétation, à la prière, et à la mise en application des commandements prescrits par leur créateur. Cette vie chrétienne se résumait à ces bases obtenues à la maison et depuis les dernières fois avec leur mère, ils n’avaient plus été à l’école du dimanche dans une église.
Quelque chose de paradoxal pouvait tout de même marquer ces jeunes enfants qui malgré leur jeune âge, faisaient preuve de beaucoup de jugeote. Dieu leur était présenté comme étant le tout puissant mais ils pouvaient à l’occasion voire la marâtre ramener un féticheur présenté comme étant un médecin traditionnel traitant.
La marâtre prenait toujours la peine d’envoyer Nathan et Pierre faire une sieste à chaque fois qu’elle devait avoir ses séances d’un autre genre avec cet homme. Prenant le soin d’assombrir la salle de séjour, ils enfumaient la pièce avec des encens nauséabonds qui embaumaient rapidement tout le domicile, ils bâtissaient alors un autel orné de bougies vacillantes et d’objets étranges.
Le sorcier entamait un rituel sinistre murmurant des incantations incompréhensibles, tandis que des ombres dansaient mystérieusement sur les murs blancs légèrement éclairés par la lumière tamisée. C’est alors que les deux garçons, curieux de savoir ce qui se passait, sortaient silencieusement afin de découvrir la scène macabre.
La première fois que nos deux guetteurs observèrent la scène, ils ont pu ressentir une atmosphère pesante et oppressante envahir tous les lieux. Un vent glacial soudain qui se leva éteignant toutes les bougies. Les organisateurs se retrouvant dans la pénombre, furent approchés par des silhouettes à l’apparence malveillante créant en eux une grosse frayeur.
Effrayés, Nathan et Pierre retournèrent dans leur chambre tout effrayés et troublés. A la fin du rituel, Jacqueline recevait de son acolyte, des écorces et autres ingrédients à préparer et faire boire à Daniel.
Un jour, en l’absence de son père, Nathan fut commissionné par sa marâtre pour prendre un objet dont elle avait besoin dans sa chambre. A son passage, il renversa par mégarde une marmite pleine d’écorces préparées et mélangées à des herbes. Informée de cela, elle lui infligeât une bastonnade spectaculaire sans autre forme d’explication. Elle était habitée d’une rage indescriptible.
C’est à coup de ceinture qu’elle affligea tout le corps du jeune garçon sous le regard effrayé de son cadet qui ne pouvait s’empêcher de pleurer à la vue
d’une telle violence. On aurait dit qu’elle venait de perdre quelque chose de précieux.
Ayant marre de ces bastonnades répétées et injustifiées, Nathan lui asséna en retour un coup de pieds qui toucha son ventre et c’est alors que la bastonnade prit fin. Envahie par la douleur, Jacqueline se roula au sol lui promettant de dire à Daniel que son fils avait porté main sur elle. Nathan s’enfuit de la maison et alla attendre son père en route se disant qu’il raconterait ce qui s’était passé en son absence.
A son retour, après avoir écouté ses fils, il fut sous un gros choc et pleura. Ses larmes étaient mélangés à de la colère, on aurait dit qu’il voulait lui infliger le même traitement qu’elle donnait à ses enfants, mais il avait beaucoup de retenue.
Lui demandant ce qui s’était passé, elle raconta la scène et il lui demanda de faire preuve de moins de violence à l’égard de ses enfants, de cesser toutes formes de pratiques mystiques et de ne plus laisser entrer ses sorciers dans son domicile.
Malgré les évènements passés, Nathan et son frère Pierre grandissaient et vivaient en l’absence de leur père, plusieurs faits traumatisants. Souvent réprimandés, intimidés par leur marâtre, envahis par un sentiment de tristesse, le vide causé par l’absence de leur mère se faisait de plus en plus ressentir.
Irène, connaissant les écoles qu’ils fréquentaient allait souvent leur rendre visite. Elle leur ramenait souvent différents types de cadeaux préparés avec soin. Ne vivant pas avec eux, ne pouvant se rendre à leur domicile, car Daniel le lui avait interdit. C’était pour elle, le seul moyen de les voir, de leur apporter un peu de sa présence et leur manifester de l’amour.
Un jour, Jacqueline l’appris. Elle leur ordonna de jeter les cadeaux qu’ils recevaient de leur mère et c’est à coups de fouets qu’elle leur donna l’ordre selon lequel :
– Si votre mère vient encore vous voir à l’école, il faut la fuir et dire que vous ne voulez pas la voir. C’est clair ? demanda-t-elle…
– Oui Tata, répondirent-ils (c’est ainsi qu’elle leur avait demandé de l’appeler).
Un mois plus tard, alors qu’Irène allait leur rendre visite, elle se présenta à la direction de l’école et on les fit venir. Face à leur mère, les deux garçons restaient tétanisés. Le sentiment d’amour qui pousse un enfant à aller vers sa mère et l’embrasser les saisit.
En même temps, le souvenir de la dernière bastonnade infligée par leur marâtre passa instantanément dans leurs têtes. Se regardant, en guise de consultation et de s’autoriser l’un à l’autre de faire un pas de plus ou non vers celle qui leur avait donné la vie. C’est sans attendre qu’Irène fonçât vers eux, les prenant dans ses bras, elle les interrogea sur les raisons de leur peur :
– De quoi avez-vous peur ? demanda-t-elle ;
– Tata nous a dit de fuir au cas où tu viens nous voir, répondit Nathan ;
– Et qu’a dit votre papa à ce sujet ? demanda Irène ;
– Il a demandé qu’on lui dise à chaque fois que tu passes à l’école.
– Mes enfants, je les comprends mais, je reste votre mère, je vous ai portés pendant neuf mois dans mon ventre. La seule chose que je veux, c’est de pouvoir vous voir plus souvent et passer du temps avec vous.
Comme habituellement, elle les serrait fort dans ses bras et leur offrait ce qu’elle leur avait préparé comme cadeaux. Ces brefs moments de visite à l’école devenaient insuffisants pour Irène. Lors d’une visite, elle avait demandé à ses fils de lui communiquer l’adresse de leur nouveau domicile.
A la vue de ces visites répétitives d’Irène à l’école de ses enfants, Jacqueline s’inquiétait de perdre la place qu’elle occupait désormais dans la vie de Daniel. Selon elle, celle-ci pouvait passer par ses enfants pour renouer avec leur père. Elle intensifiait ses rencontres avec son féticheur et en devenait presque dépendante. Plus elle le faisait, plus Daniel semblait se soumettre à elle tel un esclave en face de son maître : on aurait dit qu’il était envouté.
Désormais, à la moindre petite gaffe commise par l’un des petits, elle l’incitait à leur donner des bastonnades mémorables. Daniel s’était engagé dans des projets immobiliers et le seul bémol est qu’il le faisait sans qu’aucun membre de sa famille ne soit pleinement informé de tous ses investissements.
C’était un dimanche après-midi, Irène qui savait déjà ou vivaient ses enfants et Daniel qui était encore son mari, entreprit de leur rendre visite. A son arrivée, elle trouva le portail entrouvert, cogna et entra se dirigeant vers la porte principale de la maison.
La petite famille était à table et la baie vitrée juste à côté, leur donnait la possibilité de voir ce qui se passait à l’extérieur. Irène était encore au niveau de la terrasse extérieure lorsque Daniel alors assis dans son salon, l’ayant aperçue, se leva brusquement disant :
– Que fais-tu ici ? hurlait-il
– Bonjour ! Je suis venue te rencontrer afin que nous puissions échanger au sujet de nos enfants.
-De quels enfants parles-tu ? Ceux que tu as abandonnés ?
-Daniel, je reconnais n’avoir pas agi comme une mère l’aurait fait et je demande pardon. Ce que je veux c’est te demander la permission de souvent voir mes enfants, répondit-elle…
– Nous n’avons rien à nous dire, rétorqua-t-il en lui indiquant la direction de la sortie ;
– Daniel s’il te plaît, je sais que je t’ai fait du mal et à mes enfants aussi, mais permets moi de voir mes enfants s’il te plait, se mettant à genoux, elle commençait à pleurer.
– Je t’ai dit de sortir, sors de chez moi !
Le ton montait de plus en plus, et à l’intérieur de la maison les deux petits garçons se mirent à pleurer, Jacqueline se leva, entra dans sa cuisine et en sortit avec une cuvette remplie d’eau. Elle se dirigea vers Daniel la lui tendant en disant :
– Madame, on vous a demandé de partir vous n’avez rien à faire ici, je suis la nouvelle maitresse de maison, « qui va à la chasse perd sa place ». Daniel, elle t’a abandonné avec vos enfants pourquoi vient-elle ici aujourd’hui ? Verse cette eau sur elle.
– Va-t’en sinon je te verserai de cette eau, hurlait Daniel ;
-Verse-lui cette eau je t’ai dit ! ordonna Jacqueline !
Comme téléguidé et en obéissance à l’ordre qu’il venait de recevoir, Daniel arrosa Irène avec près de dix litres d’eau à la grande satisfaction de la nouvelle maîtresse de maison et la stupéfaction de Nathan et Pierre. Elle resta à genoux devant lui toute en larmes.
Quelques minutes après, elle se ressaisit, se leva, toute trempée elle tourna son dos et s’en allant en disant :
– Ces enfants sont aussi les miens même si nous sommes séparés, j’ai le droit de les voir, j’irai me plaindre aux affaires sociales.
De cette situation a précédé un enchaînement d’événements bouleversants tristes et surprenants dans la vie de chacun d’entre eux…
Ce texte est un extrait du livre « LE CHOIX » écrit par Franck-Alain Dimale.
Nous vous invitons à lire l’article suivant “RETOUR AU PAYS“.
DE MAÎTRESSE À MARÂTRE. DE MAÎTRESSE À MARÂTRE.
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