Personne ne réussit en Afrique en suivant une ligne droite. Le champ des frustrations est étendu, et je n’ai à peu près jamais connu quelqu’un qui ait réussi en Afrique sans avoir rencontré des obstacles sans fin.

Pour la plupart, ce sont les obstacles quotidiens de la vie dans un système qui ne fonctionne qu’à moitié. J’ai parlé avec une jeune nigériane qui était de retour aux États-Unis après un été chez elle, et qui se demandait si elle aurait la carrure pour réussir en Afrique. « C’est une bagarre », me dit-elle, se rappelant son dernier poste à Lagos. « Le simple fait de se lever tous les jours et de se bagarrer, pas juste dans son travail, mais pour le téléphone, l’électricité, pour aller d’un point A à un point B, c’est dur.»

Étant née et ayant grandi au Nigeria, elle n’était pas étrangère à ce rythme. Mais elle trouvait difficile d’y faire son chemin et de percer le voile de la frustration pour réussir à créer une entreprise. C’est ce voile qui précisément en freine plus d’un.

Il faut être capable de franchir des obstacles bien plus difficiles que les désagréments quotidiens. Ken Njoroge attribue directement son succès à la ténacité qu’il a acquise dans son enfance. Il a connu la vraie pauvreté, celle que l’on trouve dans ces marchés frontières.

« Je pense que cela a ancré en moi un état d’esprit qui fait que, quoi qu’il arrive, les choses doivent être faites. Qu’il s’agisse du fait de ne pas avoir les moyens d’acheter des manuels scolaires, de travailler pendant ma scolarité, ou de travailler sur le projet Cellulant des années avant qu’il soit rémunérateur, c’est le simple fait de ne pas lâcher le morceau qui fait la différence. »

Pour Funke Opeke, la ténacité face aux embûches d’un marché frontière est un critère de sélection essentiel de ses associés potentiels, Elle décrit ainsi la ténacité de ses partenaires chinois face à une obstruction du gouvernement, qui serait susceptible de frustrer les espérances de cadres occidentaux (et même Funke à l’occasion) :

« Pour un homme ou une femme d’affaires américain, il faut s’habituer à ce degré de frustration au lieu de dire : « On vient avec de l’argent et on est prêt à faire cet investissement, pourquoi ne nous laissez-vous pas le champ libre pour vous aider à faire en sorte que ça marche ? » Bon nombre d’entreprises américaines ne verraient ici qu’une vaste pagaille et renonceraient. Les Chinois, venant d’une économie récemment émergente, sont habitués à gérer certains de ces obstacles, et sont plus persévérants face aux difficultés. »

(…)

Ce texte est un extrait du livre « Ces Entreprises qui Réussissent En Afrique » écrit par JONATHAN BERMAN.

Nous vous invitons à lire l’article suivant « ADAPTER SES PROJETS À LA CULTURE LOCALE« .

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