La mondialisation selon la révélation biblique.
Que dit l’Ecriture Sainte sur cette mondialisation?
Nous découvrons qu’elle offre une vision qui célèbre la mondialisation dans plusieurs de ses aspects. Mais elle avertit aussi contre ce qui est «mondain». Voici, brièvement, quelques rappels. Notons, d’abord et surtout, que la Bible présente une historiographie offrant un double mouvement.
D’une part, un mouvement centrifuge, l’expansion de la race humaine, depuis la création de nos premier parents à l’image de Dieu jusqu’au peuplement de la terre et la soumission de celle-ci (Gn 1.26-30). Suite à l’interruption de la Chute, le mandat adressé aux hommes dès le commencement n’est pas abrogé. Par la grâce de Dieu, les hommes continuent à peupler la terre en la soumettant, étant vice-gérants devant le Seigneur (Gn 4.17-22; Ps 8.5-9). Même dispersés dans notre exil, rien n’est changé (Jr 29.4-7; 1P 1.1-2, 2.4-10). L’Evangile, loin de supprimer le «commandement culturel» de Genèse 1.26-30, contribue à son accomplissement. Car, en Christ, nous avons à faire de toutes les nations des disciples (Mt 28.19). Toute famille dans les cieux et sur la terre tirent leur nom du même Père et tout genoux fléchira, volontairement ou involontairement, devant lui (Ep 3.15; Ap 1.7).
D’autre part, l’historiographie biblique présente un mouvement centripète. Les fidèles de la race humaine, venant de toutes les extrémités de la terre, sont rassemblés devant leur Seigneur. Rappelons que tout commence dans un jardin, mais s’achève dans une ville. Oui, la ville, ce lieu qui est, aujourd’hui, au centre de la mondialisation, présente de bons et de mauvais côtés! Dans la Bible, la ville peut être «Babylone», mais elle peut être aussi le siège du grand roi rédempteur. Le Jardin d’Eden n’est pas simplement un jolie carré de fleurs. Car, dans le Proche-Orient ancien, le jardin est surtout le lieu de l’habitation du roi (Né 3.15; Jr 39.4; Ez 31.8-9). C’est pourquoi les nouveaux cieux et la nouvelle terre auront au centre la sainte ville de Jérusalem, sur la grande et haute montagne, avec son fleuve d’eau de la vie et l’arbre de vie avec ses douze récoltes et avec un fruit chaque mois (Ap 21.10; 22.2).
Tous les peuples de la terre seront conduits vers le Dieu consolateur d’Israël, qui les mènera aux sources d’eau:
«Je transformerai toutes mes montagnes en chemins, et mes routes seront rehaussées. Les voici, ils viennent de loin, les voici, les uns viennent du nord et de l’ouest, les autres du pays de Sinim…» (Es 49.11-12).
Telle est la réalité «mondialiste» de la rédemption, centrée sur la ville où siège le Seigneur, et vers laquelle convergent des milliers de personnes de toutes races pour adorer. C’est pour cette raison théologique, et pas seulement parce que cela est une bonne stratégie, que l’apôtre Paul s’est consacré aux villes pour annoncer l’Evangile et planter les Églises.
Voilà pourquoi il œuvre avec acharnement pour que réussisse la collecte à destination des chrétiens de Jérusalem, image de la cité céleste annoncée par les prophètes. Voilà aussi pourquoi la vie en Christ est comparée, par l’auteur de la lettre aux Hébreux, à une montée jusqu’à la Jérusalem céleste (12.22; cf. Ps 87). La ville est le lieu mondial par excellence. En nous y rendant, nous sommes des pèlerins, et non des étrangers ou des gens de passage. Nous sommes déjà concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu, construite comme un édifice où Dieu lui-même habite (Ep 2.19-22). Nous avons une identité et notre vie a un sens. Si nous sommes des nomades, nous ne sommes pas des sans-abri!
Cette vision biblique, à la fois centrifuge et centripète, est une vraie mondialisation réalisée par la puissance du Dieu Sauveur. Le Nouveau Testament insiste sur le rôle de l’Eglise dans ce temps où notre citoyenneté de la ville céleste est déjà une réalité, mais ne sera accomplie entièrement qu’à la venue du Christ. Car l’Eglise est une habitation, une maison spirituelle, dont nous sommes les pierres vivantes, construites sur la pierre d’angle, Jésus-Christ. Deux des premiers principes de l’Eglise sont l’égalité et la fraternité entre ses membres (Ga 3.28).
Le Nouveau Testament n’abolit pas ce qui distingue les croyants les uns des autres, que ce soit leur fortune ou leur statut dans la cité. Mais il souligne avec insistance que nous avons tout en commun et que nous ne devons jamais laisser démuni un frère ou une sœur (Ac 4.32; Jc 1.27). Chacun devrait avoir accès à ce qui lui est nécessaire et lui convient.
Un sain équilibre
Il n’y a donc pas lieu d’enfermer l’Eglise comme dans un cocon. Le commandement missionnaire de Jésus (Mt 28.18-20) n’abolit pas le commandement «culturel» (Gn 1.26-30); il contribue à son accomplissement. Par conséquent, les chrétiens vivent dans la cité avec pour objectif de lui apporter la lumière du Christ (Mt 5.14-16; 1P 2.9). Ils doivent non seulement vivre en paix avec tous les hommes (Rm 12.18), mais œuvrer en accomplissant toutes les vocations légitimes (1Co 7.20-22, 10.31; Ap 21.24).
Cela dit, l’Eglise doit figurer en première ligne dans le combat spirituel des enfants de Dieu. Il ne faudrait pas penser, cependant, que tout ce qui caractérise la mondialisation est compatible avec la foi. Loin de là!
En effet, Paul avertit contre la conformité au monde (Rm 12.2). La ville n’est pas seulement l’objectif du peuple de Dieu; elle est aussi un centre pour le vice. C’est dans une ville que les habitants du pays de Chinéar ont construit l’horrible tour de Babel, symbole par excellence de la puissance humaniste (Gn 11.4). Les prophéties les plus violentes sont très souvent formulées à l’encontre de villes corrompues. Que ce soit Sodome et Gomorrhe ou la «grande Babylone», le jugement contre leur corruption est net et bref:
«Ainsi sera précipitée avec violence Babylone, la grande ville, et on ne la trouvera plus» (Ap 18.21; Jr 51.64).
La ville peut être ce lieu de séduction où «remplie d’admiration, la terre entière suivit la bête» (Ap 13.4). Conclusion: la mondialisation est une réalité à double tranchant. D’un côté, il y a l’unification du peuple de Dieu qui vient, de tous les coins du monde, pour adorer le Seigneur. De l’autre, il y a une conspiration à l’échelle planétaire pour corrompre les hommes.
Notre tâche aujourd’hui est d’œuvrer pour le passage de la cité terrestre à la cité de Dieu. Notre tâche est de prêcher un Évangile clair, en mettant toujours en évidence la vérité et l’amour de Dieu, en évitant les outrances. Notre tâche est de lutter contre l’injustice qui sépare les riches des pauvres, les puissants des démunis. Notre tâche est de plaider pour que les gens sortent de Babylone la grande (Ap 18.4) et entrent dans la Jérusalem de Dieu, où l’on entendra :
«comme la voix d’une foule nombreuse, comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de forts tonnerres, disant: Alléluia! Car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, a établi son règne» (Ap 19.6).
Ce texte est un extrait du livre « LE CHRISTIANISME ET SES DÉFIS » écrit par Jérémie TCHINDEBE.
Nous vous invitons à lire l’article suivant “L‘AVEUGLEMENT SPIRITUEL“.
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