Manquer de quelque chose ne veut pas dire que l’on n’est pas en mesure de le payer. Le secteur des biens de consommation croît à toute vitesse en Afrique. De 2000 à 2010, les ressources naturelles ont contribué pour un tiers à la croissance africaine.

Selon le rapport de McKinsey & Company, L’essor du consommateur africain, les secteurs travaillant au moins partiellement en B2C ont représenté 45% de cette croissance en 2012. Les auteurs prédisent que d’ici à 2020, plus de la moitié des foyers africains auront de quoi s’offrir des à-côtés, ce qui représente 130 millions contre 85 millions aujourd’hui. Ils prévoient également que les secteurs de grande consommation (y compris la vente en gros et de détail, la banque de détail, les télécommunications et le tourisme) enregistreront une croissance de plus de 400 milliards de dollars. Cette hausse correspond à plus de la moitié de la croissance totale estimée pour l’ensemble des recettes commerciales sur cette période’.

Une bonne partie de la croissance de la richesse africaine est cachée, dans les chiffres et dans les faits. Sur le plan statistique, les PIB de la Banque mondiale sont uniquement calculés à partir de l’économie officielle, c’est-à-dire les revenus déclarés à l’État.

On ne connaît pas le volume de l’économie informelle, mais on estime que le travail non déclaré représente près de 80 % de l’emploi non agricole, plus de 60% de l’emploi urbain, et plus de 90% des nouveaux postes en Afrique dans la seconde moitié des années 2000 ?. Dans l’étude de référence qu’il a menée pour le compte du projet de la Banque mondiale intitulé Doing Business, Friedrich Schneider a découvert que l’économie informelle représentait en moyenne plus de 42% du PIB au début des années 2000°. L’urbanisation et la structuration de l’économie ont certainement réduit dans une certaine mesure la part de l’économie informelle, mais le résultat est que le pouvoir d’achat dans les villes et villages africains est systématiquement sous-estimé par les chiffres officiels du PIB. Mettant en garde contre la fiabilité de ces statistiques, l’investisseur africain Miles Morland raconte qu’un simple changement dans la méthode d’évaluation de l’économie a fait bondir le PIB officiel du Ghana de 70 % en un an.

James Mwangi a une vision plus humaine des dépenses invisibles dans les villes et les villages africains. Sixième sur sept enfants élevés par une mère veuve, James a grandi dans le Kenya rural et dans la pauvreté. Quand il était enfant, sa famille tenait à ce qu’il soit scolarisé, mais il gagnait aussi de l’argent en vendant des fruits et en colportant du charbon. Ce fut son premier contact avec les consommateurs en marge de l’économie officielle. C’est en s’appuyant sur la force de ces clients que James a bâti Equity Bank, la plus grande banque d’Afrique de l’Est. Aujourd’hui, Equity gère 7,8 millions de comptes et a une capitalisation boursière de plus d’1,3 milliard de dollars. En 2012, James a été nommé « homme d’affaires africain de l’année » par le magazine Forbes.

Pour James, le succès d’Equity est lié à ce qu’il a appris dans sa jeunesse en vendant du charbon en porte-à-porte. « J’ai vu que mes clients avaient de l’argent, mais qu’ils le gardaient à portée de main parce qu’ils en avaient besoin tout de suite », m’a-t-il récemment raconté. « Avant d’être sur des comptes Equity, cet argent était caché sous les matelas. »

Une des raisons pour lesquelles les concurrents de James n’ont pas su répondre aux besoins des clients disposant de faibles revenus est qu’ils considéraient ces clients comme un risque de crédit insupportable. Dans les faits, le taux de non-recouvrement des crédits d’Equity Bank au dernier trimestre 2012 battait tous les records du secteur avec un petit 3 %’. Cette perception….

Ce texte est un extrait du livre « Ces Entreprises qui Réussissent En Afrique » écrit par JONATHAN BERMAN.

Nous vous invitons à lire l’article suivant « METTRE LES MAINS DANS LE CAMBOUIS« .

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