L’épreuve Silencieuse De Sandrine

Réfugiée dans sa cuisine, alors qu’elle était censée y récupérer les entrées-crudités afin de servir ses convives. Elle regardait soucieusement son portable dans ses mains. Ses doigts tremblaient. Sa vision se brouillait à cause de la buée sur ses verres. L’écran de son smartphone se mouilla des larmes qui dégoulinaient par-dessus sa fine monture. Elle la retira pour essuyer ses yeux.

Elle devait éviter de paraître les yeux larmoyants devant ses hôtes et son fils Tony, installés dans la luxueuse salle à manger à côté. Il était d’ailleurs temps qu’elle aille les rejoindre. Tous les plats étaient déjà prêts et parfaitement alignés sur l’immense planche de travail en marbre. Son absence commençait à se faire ressentir de l’autre côté de la lourde porte à deux battants.

Les papiers-mouchoirs ne suffisaient pas à estomper les larmes silencieuses qui ruisselaient sur ses joues. Elle n’arrivait pas à stopper le tremblement de ses bras. Dans l’instant, une vive douleur la saisit de l’intérieur. Elle laissa échapper un cri à peine perceptible et tomba sur ses genoux.

– Sandy, appela Sonia.

Alors qu’elle pénétrait la cuisine, elle aperçut Sandrine au sol. Elle se précipita vers elle et l’aida à se relever. Elle la fit asseoir sur l’une des chaises et lui tendit un mouchoir en tissu.

— Que t’arrive-t-il, ma copine ?

– J’ai mal. J’ai mal…! J’ai du mal à respirer.

Sonia lui servit un verre d’eau puis activa en direction de son visage son mini-ventilateur portable.

— Ça va mieux, Sandy ?

— Oui, je te remercie. Je ne ressens plus la douleur.

— Mais que s’est-il passé ?

— Ça va! C’était juste un malaise.

– C’est Mikhaïl, n’est-ce pas ? As-tu finalement réussi à le joindre ? Quel alibi factice t-a-t-il servi cette fois pour justifier son retard?

— Non, je ne l’ai pas eu de vive voix. Je l’ai appelé cinq fois sans succès. En revanche, il m’a envoyé un message et…

Elle hésita, puis choisit finalement de garder le silence.

Elle s’approcha de l’évier pour se rincer le visage. Les larmes avaient complètement gâché son maquillage, pourtant discret.

– De toutes les manières, moi je t’ai toujours préférée au naturel, dit Sonia. Tu es si mignonne avec tes jolies taches de rousseur. Tu n’as même pas besoin de toute ta gamme de maquillage dernier cri… hum ? Moi, oui. Et je saurais en faire très bon usage ! Alors, tu me l’offres quand ?

Sandrine gloussa instinctivement, ce qui rassura son amie.

— Encore merci, Sonia.

— Ne me fais plus ce genre de sueur froide, copine !

Sonia poussa discrètement la porte de la cuisine pour jeter un coup d’œil aux convives et vérifier qu’aucun d’entre eux n’avait entendu ce qui venait de se passer.

— Ils sont tous confortablement assis au salon. Rien à signaler.

— Tant mieux. C’est tout de même dommage que Marco soit absent. Tu es sûre qu’il ne nous rejoindra pas ?

— Certaine ! Tu connais mon mari, c’est monsieur casanier. Il a prétexté garder les enfants ce soir afin de les conduire tôt demain matin aux activités sportives de l’école. Pour Marco, le vendredi soir c’est église ou maison. Rien d’autre.

– Au moins, lui, prend du temps pour sa femme et ses enfants. Il est une réelle bénédiction pour toi.

— Oui, c’est vrai, j’ai de la chance de l’avoir, marmonna-t-elle. Mais parfois j’aimerais un peu plus d’aventures dans notre couple. Plus de surprises ! Je déteste la monotonie. Et j’aimerais plus de cash aussi. Sur ce coup-là, avec Mikhail tu as tiré le jackpot.

— Tu sais, l’argent ne fait pas tout.

— Mais qu’est-ce qu’il aide vachement, tout de même !

— C’est ça, oui ! dit-elle en soupirant. Tu peux me dire à quoi il sert d’avoir un lit King Size avec des draps en soie si c’est pour s’y retrouver seule, incapable de trouver le sommeil?

— Je dirais que c’est toujours plus agréable que de se tamponner à deux recroquevillés dans un lit, à priori, de deux places couvert de draps en polyester bas de gamme qui te provoquent des démangeaisons toute la nuit.

Elles éclatèrent de rire.

— Sois reconnaissante pour ton foyer Sonia et sois dans le contentement.

— Dit celle qui vit dans un duplex haussmannien de 200m²  avec piscine, au cœur du 8° arrondissement de Paris.

– C’est bon Sonia. Arrête d’être sarcastique, ça me gêne.

-D’accord, j’arrête. Et j’admets que tu as raison ma sœur. Je vais me satisfaire de mon foyer harmonieux mais insipide, dans mon mini trois pièces en pleine banlieue. « Ainsi soit-il!»

— « Ainsi soit-il » !

– Par ailleurs, ton choix d’invité surprise de cette année me laisse médusée. Je dois dire que tu n’y es pas allée de main morte, ma chère. Nous avons eu un échange intéressant sur le rooftop tout à l’heure. J’espère que ton mari aura une réaction moins virulente que celle qu’il a eue l’année dernière avec le pasteur Christophe.

— Je t’avoue que même après y avoir longuement réfléchi, je ne suis toujours pas sûre d’avoir pris la bonne décision.

– De toutes les façons tu ne peux plus faire marche arrière, il est bel et bien installé dans ton salon. Un jour ou l’autre, il faut que la lumière soit faite sur certaines réalités.

J’admire ton courage sur ce point. En outre, si cela peut te rassurer, j’observe précautionneusement l’atmosphère depuis le début de la soirée et je peux t’assurer que le courant passe très bien avec tes parents.

— Voyons ! C’est bien loin d’être chose exceptionnelle !

Qui ne s’entendrait pas avec papa et maman ? Monsieur et Madame Carteron sont de véritables crèmes. Ils s’accommoderaient même avec le diable en personne.

— Avec Tony aussi ça se passe plutôt bien.

— C’est vrai ? Je t’accorde que ça c’est en effet un sérieux indicateur de ce que tout se passe au mieux. Tu connais Tony, il n’est pas du genre à faire semblant avec les gens. Soit ça passe, soit ça casse. Sur ce point-là, il est bien le fils de son père.

– De toute manière, nous saurons bien comment réagira ton mari lorsqu’il décidera enfin de se pointer. Mais nous, n’allons plus l’attendre. Suis-moi. Emmenons enfin ces assiettes à tes invités. Ils meurent de faim. Et moi avec. Nous sommes là depuis 21h. Cela va faire une heure trente que nous jeûnons de force.

— Tu as raison. Qui plus est, je doute fort que Mikhail arrive de sitôt.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Je t’ai dit tout à l’heure qu’il m’avait envoyé un message.., lui répondit-elle en lui tendant son portable.

Sonia découvrit le message de Mikhail : « Moi aussi bébé j’ai hâte de te retrouver ma beauté des Caraïbes. Je suis en chemin ! Mais je ne pourrai pas rester longtemps. »

— Tu conviendras avec moi qu’il est impossible que ce message me soit destiné, continua Sandrine. Ou aurais-tu déjà vu une rousse caribéenne ?

Sonia se retint de ne pas fracasser le portable à terre….

Ce texte est un extrait du livre «  ILS SONT PARTIS » écrit par Teddy NGBANDA.

Nous vous invitons à lire l’article suivant “Un Mariage En Péril“.

Voulez-vous avoir plus de ces livres gratuits? Rejoignez-nous

L’épreuve Silencieuse De Sandrine. L’épreuve Silencieuse De Sandrine. L’épreuve Silencieuse De Sandrine.

Comments (0)


Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Required fields are marked *