S’ENGAGER À LONG TERME.
Les gouvernements en Afrique ont le même besoin que les autres de répondre à des échéances politiques de court terme. Ce qui distingue les gouvernements des marchés frontières est qu’ils accordent beaucoup plus de valeur à l’engagement à long terme des entreprises.
Un exemple non-africain peut aider à mieux comprendre ce point. Un de mes amis travaillait au début des années 1990 dans l’une des trois plus grandes banques d’investissement du monde. Celle-ci était en train de s’étendre au Mexique quand le pays a traversé en 1994 une crise financière liée à une dévaluation vertigineuse du peso. La banque s’est brutalement retirée pour réduire son exposition vis-à-vis de toutes les organisations mexicaines, gouvernement compris.
Le gouvernement fédéral du Mexique a calmement envoyé le message suivant à la banque : « Nous avons les liquidités pour vous payer aujourd’hui, mais si nous le faisons, nous ne travaillerons plus jamais avec vous. » La banque a pris cet argent. Le gouvernement, soutenu par le Trésor américain, s’est montré solvable et le peso s’est rétabli rapidement. En dépit de son expertise sans égale, de son réseau et de sa réputation, la banque n’a toujours pas retrouvé la place qu’elle avait sur le marché mexicain, 19 ans et 738 milliards de dollars de croissance plus tard.
Jay Ireland de General Electric parie au contraire sur le fait que les gouvernements africains récompenseront l’engagement à long terme. « Les regards se tournent de plus en plus vers le marché africain », explique-t-il. « Les gouvernements ont l’habitude de voir passer des entreprises. Qu’apportons-nous donc de différent ? Si on peut apparaître comme une entreprise impliquée dans le développement à long terme du pays, et expliquer ce que l’on apporte avec son équipe pour encourager ce développement, c’est une preuve d’engagement réel. Et surtout cela montre qu’on est là pour de bon. »
Ainsi, General Electric a développé des discussions « entreprise-pays » sur deux de ses principaux marchés africains, le Nigeria et le Kenya. Ces discussions portent sur les besoins de développement à long terme du pays et présupposent un maintien de la présence de General Electric indépendamment de tout contrat.
L’entreprise renforce ce message d’engagement à long terme en orientant la discussion non seulement sur ses produits, mais également sur la formation, l’emploi et les entreprises locales, bien au-delà de la seule main d’œuvre. Cette discussion a pour conséquences des ventes d’équipements et des revenus, mais pas seulement. Au Nigeria, General Electric investit aussi dans une installation industrielle, dans le développement d’un réseau de fournisseurs et dans de vastes projets de formation technique.
Olam mène des stratégies de long terme équivalentes sur des marchés africains majeurs, avec de nouveaux investissements dans des plantations, des usines de transformation et des marques. Sunny Verghese s’est fait la réflexion qu’il devait être clair avec les investisseurs sur les compromis inhérents aux engagements de son entreprise en Afrique et ailleurs :
« Lorsque nous avons donné le coup d’envoi de notre stratégie en 2009, j’ai dit aux investisseurs institutionnels : « Notre trésorerie sera négative jusqu’en 2015. Vous ne serez pas nombreux à avoir envie d’un retour sur investissement à long terme, donc si votre horizon d’investissement est à cinq ou six mois, n’investissez pas chez nous, parce que vous serez grassement déçus. » »
(…)
Ce texte est un extrait du livre « Ces Entreprises qui Réussissent En Afrique » écrit par JONATHAN BERMAN.
Nous vous invitons à lire l’article suivant « DE PLUS EN PLUS DE BONNE GOUVERNANCE« .
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