UN MARIAGE D’ILLUSIONS ET D’IGNORANCE.
Je finis par rembourser ces différents prêts toute seule, parce que sa situation professionnelle ne s’est pas améliorée. Trois différents débits chaque mois passaient sur mon salaire. Dans ma relation avec Jean-Paul, j’avais des responsabilités qui ne devraient pas être les miennes. Les rôles étaient inversés. Je devais normalement être l’aide, celle qui viendrait soutenir la mission de son époux. Je me retrouvais dans un mariage à porter la charge de l’homme. Cette situation a créé un gros déséquilibre en moi. Déséquilibre contre lequel je me bats d’ailleurs jusqu’à présent.
Au fil des années, j’ai fini par développer mon côté masculin en termes de prise de responsabilités. Je dirais que je suis devenue une femme-homme. Capable de pourvoir aux besoins de la famille, de gérer et de prendre rapidement des décisions. Quand on m’observe aujourd’hui, on voit « la femme hyper indépendante qui n’a de personne pour s’en sortir » l’image que je renvoie. J’ai appris à penser à tout, à tout résoudre sans rien demander. À la limite, à mes côtés, un homme se sentirait INUTILE.
Lorsque Jean-Paul et moi, nous nous sommes mariés, j’étais consciente de sa situation professionnelle, de ses qualités et défauts. Dans ma petite tête d’ignorante, je me disais « Il va changer ». C’est généralement la pire des résolutions des femmes mariées : « Il va changer ». J’ai compris bien plus tard que le mariage ne change personne ni aucune situation. Au contraire, il amplifie l’existant.
Ton époux, avant le mariage, était coléreux, il le sera davantage dans le mariage. Il te trompait lorsque vous étiez fiancés? Il le fera davantage une fois que vous serez mariés. Il était dans les jupons de sa mère et sous influence de son père quand vous étiez fiancés? Cette situation ne changera guère une fois mariés. Mais voyez-vous, je ne l’ai compris que bien plus tard.
Je n’avais pas de mal à supporter les charges les plus importantes de la maison. Je me disais que sa situation professionnelle s’améliorerait et qu’il prendrait ses responsabilités à ce moment-là. Je me suis endettée afin que nous puissions intégrer un meilleur cadre de vie. Les charges étaient telles que j’avais du mal à répondre à d’autres, plus petites, mais non moins importantes.
Femme, Dieu en créant Eve l’a mise à côté d’Adam qui avait déjà un jardin! Le jardin était donc disponible. Non seulement Adam avait déjà son jardin qu’il devait cultiver, mais aussi était-il dans la présence du Seigneur! Les rôles de l’homme dans le foyer sont différents de ceux de la femme. Je ne le savais pas et je l’ai appris à mes dépens.
Dans le foyer, il y a des limites à ne pas dépasser, des bornes à ne pas déplacer pour ne pas se brûler les ailes. L’homme est le chef de famille, la charpente de la famille. En tant que tel, il a des charges incompressibles qui lui reviennent. La femme a la responsabilité de gérer ce qui est disponible et d’aider au meilleur fonctionnement de cette disponibilité.
Lorsqu’une femme joue le rôle qui n’est pas le sien, elle se retrouve déformée, exténuée, frustrée et completement perdue. Ce n’est pas dans ses gènes de le faire : elle n’a pas été créée pour cela!
C’est exactement ce que je vivais dans ce mariage : frustrations sur frustrations. Le poids était simplement too much à gérer. Je l’aurai su au tout début de notre relation, que je n’aurais pas pris l’engagement d’un prêt bancaire pour que nous puissions déménager. On aurait pu « se serrer » et vivre dans cette pièce salon jusqu’à ce que sa situation s’améliore. Je n’allais pas non plus prendre en charge toute la popote mensuelle ainsi que certaines initiatives que je prenais par pure ignorance.
Je voudrais ici insister sur l’aspect du « jardin ». II ne s’agit pas d’être une femme matérialiste ou non. Il s’agit de s’assurer que cet homme avec lequel tu souhaites sceller ta vie a son jardin à cultiver, une activité professionnelle dont les fruits vous permettront de vivre et de manifester la destinée que Dieu a pour votre couple. Toi, femme, tu viens comme aide pour que ton homme réalise sa mission dans ce jardin. Tu contribues certes, mais toute la charge ne repose pas sur toi.
Je me rappelle ce jour où ma voiture me lâcha en pleine circulation. Le mécanicien a dû la traîner à son garage. Lorsque la facture me parvint, je fus dans l’incapacité de la faire réparer. Elle passa près de deux mois dans ce garage.
Sans oublier ce matin-là, où mon ex-époux devait me déposer à mon lieu de travail avec sa moto. À peine avait-il démarré, qu’une panne d’essence survint. Nous avons dû marcher, lui, traînant la moto, moi, derrière, le suivant sur une distance d’environ 3 km, sous le soleil matinal du mois de Mars. Je regardais ma vie et cela me frustrait énormément. J’avais une voiture, un mari et pourtant, j’allais à pied. Au lieu d’avancer, je reculais.
Un jour, alors que j’avais pris un taxi moto pour me rendre à mon lieu de travail, je fis une chute. Sans réellement comprendre ce qu’il s’était passé, le taxi moto et moi-même nous sommes retrouvés à même le sol sur le goudron. Ma jupe bleu-nuit et mon chemisier se sont littéralement déchirés. Ma peau, aux genoux, à la cuisse, au bas du dos et aux coudes, s’était égratignée sur ce goudron. J’ai dû faire demi-tour sur un autre taxi moto afin de changer mes vêtements et me faire les premiers soins pour repartir au bureau.
Je n’ai reçu aucune assistance de la part de mon ex-époux, si ce n’est « Qu’est-ce que tu as eu ? ».
Aucune aide pour mes soins, ni les antidouleurs à acheter, aucun soulagement sur les tâches ménagères. J’ai continué à me réveiller la nuit seule pour m’occuper de notre petite de quelques mois. Avez-vous idée de la douleur aux genoux, aux coudes et dans le bas du dos? Me redresser était un supplice. Grâce à Dieu, j’ai pu cicatriser au bout de quelques semaines.
Toutes ces situations me frustraient. Je gagnais un bon salaire en tant qu’assistante administrative dans cette filiale française et quelques années après dans cette entreprise d’importation de produits congelés, mais avant le 10 du mois, j’étais déjà sans le sou. Aucune compassion de la part de mon conjoint, aucun réconfort, sécurité zéro.
En tant que femme, j’avais des besoins personnels, de première nécessité, des besoins intimes qui n’avaient rien à voir avec ceux de la maison et des enfants. Je ne pouvais rien m’acheter sans que cela ne soit source de disputes. Je ne pouvais rien acheter aux enfants sans que cela ne provoque des tensions. À un moment, je me voyais dans « l’obligation » de lui en acheter aussi. J’en étais arrivée au point de cacher ce que j’achetais pour éviter toute dispute.
Pouvez-vous vous imaginer ce que cela peut être que de vivre comme dans une prison? Où vos moindres faits et gestes sont scrutés et mal interprétés. Nous n’avions plus d’intimité et la communication était rompue.
Ce texte est un extrait du livre « Comment j’ai surmonté un divorce et repris ma vie en main » écrit par Flore DJINOU.
Nous vous invitons à lire l’article suivant « LES LIENS ET BLESSURES D’ÂME« .
Comments (0)