Un Mariage En Péril.
Mikhail essayait encore d’en comprendre le sens quand il fut interrompu dans sa réflexion.
-Il t’a attendu jusqu’à minuit, dit Sandrine derrière lui, adossée, les bras croisés contre la porte.
Mikhaïl ne se retourna pas et continua à décortiquer le croquis de son fils.
– Il était exténué, poursuivit-elle. Mais il a refusé d’aller au lit, persuadé que tu rentrerais pour que nous partagions ensemble le gâteau d’anniversaire, jusqu’au point où il s’est écroulé de fatigue à table. Il avait aussi une nouvelle importante à t’annoncer…Et moi aussi d’ailleurs.
— Ça va, Sandrine. Pas la peine d’en rajouter. On est samedi aujourd’hui, donc j’aurais l’occasion de me racheter en l’emmenant dans un parc d’attraction s’amuser et manger des glaces.
— Et comme par miracle, tout sera oublié grâce à
«Mickey Mouse» et une glace vanille, n’est-ce-pas ?!
— Tiens donc ! Cela faisait bien longtemps que je n’avais entendu pas même un brin de parole ironique sortir de ta bouche.
– Pourquoi nous traites-tu de la sorte Mikha, dit-elle la voix tremblante ? Que t’avons-nous fait pour mériter une telle humiliation ?
– Ne mélange pas tout s’il te plait. Et surtout laisse Tony en dehors de ça !
Il la dépassa et descendit les escaliers en direction du salon. Sandrine le suivit.
— Si tu ne veux plus de cette relation, pourquoi ne pas me le dire franchement ?
— Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit.
– Alors qu’en est-il, Mikha ? Est-ce moi le problème ?
Ma couleur de peau est soudainement devenue trop pâle à tes yeux ? Mes taches de rousseur ne correspondent plus à tes goûts ?
Il fixait leur portrait de mariage sur la cheminée. Elle s’approcha et lui agrippa le bras.
— Tu n’es pas ce mari infidèle Mikha. Je sais que tu peux changer, chéri. Je prie pour que tu changes !
– Changer? Tu veux que je change? Tu… pries pour que je change ?! cria-t-il. Il renversa le pot de lilas sur son côté, qui se fracassa sur la moquette dans un bruit sourd
— Espèce d’hypocrite ! C’est toi qui as changé ! Mais regarde-toi!
Je ne te reconnais même plus. Où est ma femme ? Où est la Sandrine que j’ai épousée il y a huit ans ? Tu peux me le dire ?
Il la secouait par les épaules.
– Qu’en as-tu fait, cria-t-il? Je veux ma femme, celle avec qui on profitait de la vie en allant s’éclater en boîte de nuit les weekends. Je veux ma femme qui avait le sens de la répartie pour me tenir tête jusqu’à m’insulter parfois. Je veux ma femme belle et rebelle, intelligente ct aoneuse qui faisait tourner la tête des mecs dans la rue et qui s’en amusait.
— Arrête ! Tu me fais mal.
— De nous deux je ne sais pas qui a le plus mal, dit-il plus calmement en relâchant son étau.
— Quel toupet ! Pour quelqu’un qui a eu une escapade extra-conjugale le soir de son anniversaire de mariage, c’est vraiment culotté de ta part de dire ça.
— Mais c’est ta faute, ma petite Sandy. Tout cela est ta faute, dit-il en s’essuyant le front. C’est toi qui m’as poussé à aller voir ailleurs. C’est toi qui m’as transformé en ce que je suis devenu.
— Ne dis pas ça, Mikhaïl. Ne me rejette pas la faute, je t’en prie!
— Allez ! Relax ! Oublions tout cela ! C’était une erreur et ça ne se reproduira plus, dit-il dans une tentative d’apaiser la discussion.
– Il me prend pour une idiote, en plus. Seigneur aide-moi ! Je t’en supplie, aide-moi…
– « Seigneur, aide-moi ! », imita-t-il. Pfff ! C’est ce genre d’inepties qui me font sortir de mes gonds et rester loin de cette maison malgré moi !
Elle ignora ses propos et se mit à ramasser les morceaux du vase éparpillés sur le sol.
— Tony a fait un mauvais rêve tout à l’heure et s’est réveillé en pleurs, reprit-elle.
Mikhail s’affala sur le canapé d’angle.
— Il était sur un bateau, continua-t-elle. Et la mer était très agitée. Un tremblement de terre était survenu et toutes les personnes restées sur terre ferme étaient en grand danger ; personnes dont tu faisais partie. Alors que le bateau commençait à s’éloigner doucement, tu lui disais au revoir d’un signe de main. Et il pleurait parce que tu n’étais pas sur le bateau avec lui. Certaines personnes autour de toi ont subitement plongé et nagé jusqu’au bateau pour y grimper. Il avait de ce fait compris que tu pouvais le faire aussi, sachant que tu es un excellent nageur. Mais tu restais fixe. Subitement, le navire accéléra à très grande vitesse et il ne te voyait plus. Au point où il voulut sauter du bateau pour te rejoindre. Le rêve l’a extrêmement bouleversé. Il lui a fallu plus de vingt minutes pour se rendormir.
— Ce n’était que le fruit de l’imagination d’un gosse. Et toi ? Tu n’y étais pas dans son rêve, demanda-t-il intrigué ?
— Si, posa-t-elle. Sur le bateau avec lui.
Les yeux de Mikhail s’embrasèrent. Il se leva doucement comme un lion sur le point de bondir sur sa proie.
— C’est quoi toutes ces balivernes ? Est-ce cela le fameux message important que Tony et toi vouliez me partager, Sandrine ? Ne serais-tu pas en train de retourner mon fils contre moi ? Quel est ton plan exactement ?
Il s’avançait vers elle le poing serré.
— Tu as l’intention d’emmener mon fils quelque part ?
Réponds-moi ! Où comptes-tu t’enfuir ? Hein : Tu crois pouvoir m’abandonner ? Crois-moi, je te retrouverais où que tu ailles ! Tu m’entends ?!
Sandrine, effrayée, laissa tomber les morceaux brisés qu’elle venait de collecter et recula contre la cheminée.
– Chéri, calme-toi, dit-elle doucement.
Il se tint devant elle de plus en plus menaçant. Soudain, il éclata d’un rire nerveux.
— Tu n’es pas assez folle pour faire une chose pareille, n’est-ce pas ?
Il l’invitât à s’asseoir à côté de lui.
— Je sais. Tu es un peu secouée par les événements de la soirée. C’est normal et je comprends, je te le garantis. Voici ce que nous allons faire. Nous allons tourner cette page et avancer, d’accord ? Disons que je suis désolé. D’ailleurs, ne dites-vous pas dans vos conjurations : « Pardonne-moi mes offenses comme je vais offenser celui à qui je vais pardonner.. ? se moqua-t-il.
Sandrine ignora ses railleries et baissa la tête.
— Je ne suis plus sûre de pouvoir supporter tout cela,
Mikhail. Je suis épuisée.
— Mais bien sûr que si, tu vas y arriver, dit-il sur un ton qui traduisait son indifférence. Tiens ! Je te donne même le droit de retourner dans ta « chapelle ». Va y demander de l’aide à ton « ami imaginaire », puis sois d’aplomb pour ce soir. Nous sommes conviés à une rencontre importante. Ce soir, pourrait signaler la consécration de ma carrière entière.
—Je n’ai plus envie de cette vie-là. Je suis excédée.
— Je ne te demande pas ton avis.
— Parfois, je me demande si tu m’as épousée par amour ou par intérêt. Il n’y en a que pour ta carrière. Ce qui t’importe ce sont les connexions stratégiques, les apparences et tout le reste. Et comme d’habitude tu voudrais que je paraisse toute belle à tes côtés, comme le couple parfait, Monsieur et Madame Pons ?
Il prit la direction de l’escalier sans réagir aux propos de son épouse.
— Je te communiquerai les détails du rendez-vous tout à l’heure. Je monte prendre une douche et me coucher. Je suis… harassé.
Sandrine regardait son mari, les yeux gorgés de larmes, gravir les marches vers leur chambre. Elle rejoignit ensuite sa pièce de prière et s’agenouilla lourdement sur l’épaisse moquette. Les yeux levés vers le ciel, une prière spontanée lui échappa.
– Mon Dieu si tu n’interviens pas, je ne pense pas être apte à tenir vingt-quatre heures de plus. Dois-je partir ou rester ? J’ai besoin de ton aide… ! Mikhaïl aussi !
Elle s’allongea à même le sol, sur le lourd tapis et ferma les yeux, emportée par la fatigue de la longue journée…
Ce texte est un extrait du livre « ILS SONT PARTIS » écrit par Teddy NGBANDA.
Nous vous invitons à lire l’article suivant “La disparition mystérieuse : entre soupçons et révélation“.
Un Mariage En Péril. Un Mariage En Péril. Un Mariage En Péril.
Un Mariage En Péril. Un Mariage En Péril. Un Mariage En Péril.
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