Mardi 7 décembre 2021 2 h du matin 

Anifath Bidé se réveilla brusquement de son lit toute en sueur. Malgré le ventilateur qui tournait à plein régime, elle transpirait à grosses gouttes. Anifath haleta un moment et fut parcourue d’un frisson. Il était clair qu’elle n’était pas seule dans cette chambre. Tout était noir et elle avait l’impression de distinguer des ombres… Anifath alluma sa lampe de chevet pour se rassurer. Mais il n’y avait personne. Elle n’avait jamais pu s’habituer à ce mode de vie. 

Toutes les nuits, c’était pareil. Elle ne parvenait qu’à dormir quelques instants, puis le cycle reprenait. Ils venaient toujours la harceler. Anifath éclata en sanglots. Ce soir, elle était vraiment épuisée après une si longue journée et elle aurait aimé pouvoir fermer l’œil plus longtemps. 

Cette histoire avait commencé lorsqu’elle était en classe de première. Il s’était passé une chose mystérieuse dans sa maison. La nuit de son 16e anniversaire, elle avait fait un étrange rêve dans lequel un monsieur lui disait qu’il était son vrai père. À son réveil, elle en a parlé à son père (celui qu’elle avait toujours connu), mais ce dernier n’avait pas prêté attention à ses propos. Sa mère non plus ne s’était pas intéressée à la question. C’était sûrement un cauchemar comme tous les autres s’étaient ils dits. 

Puis les choses se sont empirées avec le temps. Les semaines qui suivirent, Anifath avait commencé par avoir des nuits de plus en plus bizarres. Elle pouvait à peine avoir 3 heures de sommeil profond pendant la nuit. Dès qu’elle fermait l’œil, elle faisait le même rêve. Chaque nuit, elle voyait cet homme et de nombreuses autres personnes qui l’invitaient à se joindre à eux. Lorsqu’elle refusait, ils la battaient. 

Le matin, elle pouvait ressentir les douleurs à certains endroits de son corps. Comme si elle avait vraiment été battue. Les fois où elle acceptait de les suivre, pas peur d’être battu, ce qui arrivait était bien pire. Anifath se retrouvait à entretenir des rapports sexuels avec cet homme et tous ceux qui étaient avec lui. Tout ça semblait être un rêve, mais elle avait l’impression que c’était réel. 

Au petit matin, elle se sentait souillée et sale. Le cycle se répétait toutes les nuits. Comme solution à cette situation, Anifath s’était obligé à ne dormir que tôt le matin. Ce n’est qu’à ce moment de la journée qu’il ne se passait rien. Cela avait eu un impact sur ses notes et son rendement scolaire, mais elle avait appris à vivre avec ce mal. Elle avait essayé d’en parler à ses différents petits amis, mais personne ne la comprenait. 

La voyant se réveiller chaque nuit traumatisée, ses parents avaient fini par prendre la situation au sérieux. Elle avait consulté de nombreux professionnels et des psychologues sans résultat. On l’avait alors conduit chez des marabouts. Il n’eut pas vraiment d’amélioration. Même sa santé en avait pris un coup. 

Aujourd’hui, seule dans son lit, Anifath était à bout. Cette situation n’avait fait qu’empirer. Elle pouvait maintenant sentir leur présence dans sa chambre même lorsqu’elle ne dormait pas. Il lui était arrivé de boire de l’alcool pour s’endormir. Elle avait même essayé de puissants somnifères qui se vendaient sur le marché noir de l’UST. Peut-être que si elle s’ouvrait les veines, ou si elle prenait des cachets, tout ça s’arrêterait, lui murmurait parfois une voix. Tout est de ta faute. Tu n’as que ce que tu mérites. 

Anifath se redressa dans son lit et s’adossa contre le mur en pleurant de désespoir. Elle consulta l’heure sur son téléphone. 2 h 30. Encore 4 h avant l’aube. Parviendrait-elle à dormir ? Elle ferma les yeux et les images lui revinrent. Ils étaient toujours là. Ils l’attendaient de l’autre côté… Elle rouvrit ses yeux et commença à compter les secondes. La nuit allait être longue comme d’habitude… 

*** 

UST Cabine D5 3 h du matin 

C’est l’heure. 

Haris Ekora, 25 ans s’assit devant sa table d’étude et ouvrit son Livre noir. Derrière lui, son coloc dormait comme un bébé. Cette fois encore, Harris avait pris le soin de lui jeter un sort de sommeil profond avant de commencer son rituel. Un vent glacial emplissait la pièce. BOB avait pour habitude de transporter beaucoup de fraîcheur avec lui. Le livre était posé sur la table. 

Grimoire, d’un noir profond et intense, le Livre noir évoquait l’essence même des ténèbres qui habitent l’âme de son possesseur. 

Sa couverture en cuir était vieillie et usée, recouverte des stigmates du temps et de l’utilisation intensive de ses nombreux propriétaires au fil des ans. Les contours du grimoire étaient ornés de motifs ésotériques, dessinés à l’encre argentée, semblables à des serpents entrelacés. 

À travers ses pages jaunies, chaque ligne était empreinte de secrets interdits et de connaissances interdites. Les mots qui y sont inscrits semblaient vibrés d’une énergie malveillante, prêts à se libérer dans les mains d’un lecteur imprudent. 

Le grimoire exhalait un parfum envoûtant, une combinaison de senteurs enivrantes et malsaines. Les symboles ésotériques et les formules magiques qu’on retrouvait dans le grimoire étaient tracés avec une précision et une intention diabolique. 

Une énergie sombre et hypnotique émanait de chaque feuillet. Le Livre noir était bien plus qu’un simple recueil de sortilèges. Il était le reflet tangible de l’âme tourmentée de son propriétaire, de ses aspirations les plus sombres et surtout de son insatiable quête de pouvoir. 

Le Livre de Harris était invisible dans la journée et la nuit, il apparaissait lorsque Harris Ekora prononçait les paroles requises. La rencontre de ce soir allait bientôt commencer. Sur la couverture du livre, on pouvait lire, écrit en français dans des lettres minuscules argentées, ouvrez-moi et vous êtes dans l’autre monde. 

Harris ouvrit le livre et se laissa emporter. En un instant, il sentit son corps astral se détacher de son corps physique et plonger dans le livre. C’était l’un des portails pour entrer dans l’autre monde. Il se retrouva dans une cour. Une sorte de jardin. En face de lui se dressait un grand bâtiment noir sobrement éclairé. Plusieurs personnes apparaissaient dans la cour comme Harris et se dirigeaient en silence vers la chapelle. 

— Je crois que nous sommes en retard, dit une voix près de lui. 

— Je sais BOB. Je n’ai pas besoin que tu me le rappelles, répondit Harris froidement. 

La voix émanait d’une créature géante qui se tenait juste derrière le jeune médecin. Comme la plupart des membres de la secte, Harris possédait un esprit gardien assigné à sa protection et qui devait obéir à ses moindres désirs. Il l’avait surnommé BOB parce qu’il n’arrivait pas à dire le nom entier de l’esprit. Il ne se forçait à appeler ce nom que lorsqu’il n’avait pas le choix ou lorsque l’esprit tentait de lui faire du mal. 

Les gardiens étaient en réalité des êtres instables et imprévisibles qui pouvaient à tout moment ôter la vie à leur maître. Le docteur Robert, l’homme qui avait initié le jeune Harris à la magie noire, il y a quelques années, avait pris le temps de lui expliquer dans quoi il s’engageait en rejoignant la secte. C’était un monde extrêmement cruel où le moindre signe de faiblesse pouvait être synonyme de mort. Mais c’était aussi un monde de pouvoir et de domination. 

Harris était curieux et ambitieux et surtout il avait un objectif personnel à atteindre. Sa quête de pouvoir l’avait conduit dans ce groupuscule. Il ne regrettait pas son choix. Il a eu à faire des choses obscures, mais cela en valait la peine, se disait –il. Les gardiens ne pouvaient pas lire dans les pensées de leurs maîtres, mais ils pouvaient percevoir les émotions. La peur, la compassion, la tristesse… c’était le genre d’émotions qu’un gardien ne voulait pas voir. Et Harris le savait. 

Le jeune mage noir se dirigea vers la chapelle et le démon le suivit en silence. Lorsqu’ils furent arrivés à la porte, une autre créature des ténèbres leur souhaita la bienvenue et leur fit signe d’entrer. Elle était mi-homme, mi-cheval. On les connaissait mieux sous le nom de centaure. Comme à l’accoutumée, la chapelle dégageait une sinistre atmosphère de mort et de terreur. Harris n’avait jamais réussi à s’habituer à cette aura ténébreuse. 

La plupart des membres étaient déjà présents. Le jeune membre du Crépuscule du Matin se dirigea vers la grande table et prit place. Il y avait certaines personnes que Harris connaissait dans le monde réel. Mais ils ne discutaient pas. Il était formellement interdit de parler des choses de la secte en dehors de l’espace. D’autres membres prenaient le soin de cacher leur visage en raison de leur poste stratégique dans la vie réelle. 

La secte du Crépuscule du Matin étendait son influence hors de l’UST. Pour son recrutement, Ekora avait été approché par son référent en médecine il y a 3 ans. Harris avait une grande admiration pour ce monsieur qui était considéré comme un génie dans tout le corps médical du pays. 

Le docteur Robert était un chirurgien très doué. Tout avait commencé lorsqu’au cours d’une banale discussion pendant une pause, le docteur Robert avait eu une longue discussion avec Harris sur la nécessité d’avoir du pouvoir en ce monde pour ne pas se retrouver au bas de la chaîne alimentaire. Il lui expliquait que le monde était plus complexe qu’il ne le pensait. S’il voulait faire long feu dans le système médical, surtout en tant que chirurgien réputé, il devait se montrer plus malin et exploiter certains atouts. Harris n’avait pas très bien compris de quoi parlait son aîné.

Après hésitation, le docteur Robert avait fini par lui parler d’un groupuscule où était partagée la véritable connaissance sur l’homme intérieur et la maîtrise des énergies qui circulent dans le monde. « Il y a un livre où tu trouveras toutes les réponses à tes questions, lui avait-il dit. 

Harris s’était montré très intéressé. Le docteur Robert avait griffonné quelque chose sur un bout de papier et lui avait tendu. 

« Ne le perds pas. Il y a deux formules sur ce papier. Tu prononceras la première formule à 3 h du matin quand tout le monde autour de toi sera en train de dormir. Prononce exactement ce que tu lis. Cela les enfoncera dans un sommeil plus profond. Tu prononceras ensuite la seconde formule. Et quelque chose viendra dans ta chambre. N’aie pas peur. Fais juste ce qu’on te demandera et tu deviendras comme moi. » 

Comme lui ? Comment comme lui ? Harris n’avait plus jugé nécessaire de le demander. Le docteur Robert était un brillant chirurgien réputé dans la sous-région. Il était respecté dans tout le corps médical et il respirait un certain charisme. L’une des rares personnes à impressionner Harris. 

Le soir venu, pendant que tout le monde dormait dans la maison où vivait Harris, il avait prononcé la première formule. Il n’avait rien remarqué d’anormal. Il avait alors prononcé la seconde. Automatiquement, la lumière de l’ampoule à l’intérieur avait baissé en intensité. Un livre était apparu sur sa table. Il avait vu les lettres apparaître sur la couverture. Le livre l’avertissait de ce qui allait se passer s’il tournait cette couverture. 

Le jeune médecin avait été partagé entre la peur et la curiosité. La curiosité fut la plus forte. Il avait ouvert le livre et avait connu son premier voyage astral. Il s’était retrouvé dans un lieu où régnait une atmosphère glaçante. Un jardin où dans une obscurité profonde. Seul un astre vert éclairait le ciel. C’était une petite pleine lune. Harris s’était demandé s’il rêvait et si ce n’était pas le cas où est ce qu’il se trouvait. Il avait marché quelques instants dans l’obscurité et un homme était venu à sa rencontre. Cela semblait flippant, mais Harris sentait qu’il ne pouvait plus faire marche arrière. Ça tombait bien. Il n’en avait pas l’intention. 

Dans ce Nouveau Monde, il se sentait rempli d’une force étrange. Le soir de sa première venue au sanctuaire comme on appelait ce lieu, Harris avait rencontré le guide. Un être incroyablement beau, mais tout aussi froid. C’était d’ailleurs la seule fois que Harris le vit au sanctuaire. Il lui fut demandé de signer un document avec son sang. En échange de quoi, il obtiendrait la gloire et le pouvoir ? Tout le pouvoir du monde. 

Harris se remémora tous ces événements en s’asseyant. Le maître de cérémonie se trouvait à l’autre bout de la grande table. La plupart des personnes présentes portaient des tuniques noires avec des capuches qui leur recouvraient légèrement le visage. La pièce était faiblement éclairée de bougies qui planaient dans les airs. 

— Vous êtes en retard, frère Colère, dit-il en s’adressant à Harris. 

— Oui. Mes excuses. 

— Vous avez de la chance que le Guide ne soit pas là 

— Je sais. 

Harris manifestait la même froideur que les membres de la salle. Il était important de ne pas exprimer sa peur dans ce genre de milieu. L’esprit assigné à sa protection se trouvait juste derrière lui. Il s’approcha et lui murmura quelque chose à l’oreille. Harris acquiesça en hochant la tête et l’esprit disparu. 

Le maître de la cérémonie s’adressa alors à l’assemblée présente. 

« Merci à tous d’honorer de votre présence cette réunion. Comme vous en avez tous connaissance, il ne reste que quelques semaines avant l’accomplissement des plans fixés par le guide. Dans l’ensemble, les choses se déroulent comme prévu. Toutefois, nous avons un souci. Nous avons quelques interférences… Un champ de force a déjà empêché plusieurs fois nos gardiens d’entrer dans l’école pour accomplir leur tâche. Quelqu’un n’arrête pas d’inviter l’Autre ces derniers temps et il va falloir que ça cesse. Frère Colère, ces choses se passent sur votre territoire. Une solution pour régler la situation ? 

Harris se racla la gorge. 

— Bien entendu. C’est Horel Assani qui nous pose des problèmes. Mais il est seul. Mon esprit Gardien a eu des difficultés à entrer dans son dortoir, mais ce n’est que partie remise. Je vous assure que tout sera réglé bientôt. 

— Il vaudrait mieux. Vous n’avez aucune envie que cette affaire soit entendue par le guide. 

— Ce sera réglé dans les temps… 

— Bien… 

— Le guide ne viendra pas ? demanda Harris. 

Les regards se tournèrent vers lui. Il les discerna vaguement à la lueur des bougies flottantes. 

— Non, il est occupé vous savez bien, répondit un membre à la droite du maître de cérémonie. Vous tenez tant que ça à le rencontrer ? 

— Pas pour le moment. 

— Occupez-vous du veilleur, dit le maître de cérémonie. Ensuite, vous pourrez parler au guide. 

Harris hocha la tête. Il revint de son voyage astral à 4 h du matin. Son coloc dormait toujours. Le mage noir quitta sa table et se dirigea vers son lit. Son corps s’était un peu reposé pendant la réunion dans l’autre monde. Il n’aurait qu’à continuer son sommeil en attendant le levé du jour. Avant de tomber dans les bras de Morphée, Harris pensa à ce garçon dans la cabine B12…

Ce texte est un extrait du livre SENTINELLES : PREMIER TOUR DE GARDE écrit par Charles SANDAH.
Nous vous invitons à lire l’article suivant “L’ESPRIT DE RÉVÉLATION“.

Éveiller votre curiosité, Tester vos connaissances, Révéler des pépites de sagesse. ➡️ Cliquez ici pour commencer le Quiz Prophétique dès maintenant

Voulez-vous avoir plus de ces livres gratuits? Rejoignez-nous

LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR.

LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR. LE MAGE NOIR .

Comments (0)


Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Required fields are marked *