LE MARIAGE DANS LE SAINT-ESPRIT.
“Je vous y exhorte donc : accordez votre vie à l’appel que vous avez reçu ; en toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l’amour ; appliquez-vous à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix.” Éphésiens 4,1-3
Tous les mariages passent par des épreuves et des crises qui permettent souvent à l’amour de grandir. Tout jeune couple devrait s’en souvenir. Un véritable amour donne la force d’affronter les épreuves, une force qui se traduit par des actes, des gestes pour se mettre au service de l’autre, dans une humble soumission mutuelle. Le véritable amour vient du Saint-Esprit.
Nous oublions souvent la profondeur de cette vérité. Soit nous avons tendance à ne pas prendre l’amour au sérieux, en n’y voyant qu’un fragile conte de fées, soit nous consacrons tellement d’énergie à vouloir le trouver que nous passons complètement à côté. Mais l’amour véritable, celui qui découle du Saint-Esprit, ne provient pas d’efforts humains.
Un couple marié qui fait l’expérience de ses bénédictions verra son amour grandir d’années en années, malgré les épreuves. Après des années de mariage, ils trouveront toujours de la joie à se rendre heureux. Comme le disait l’une de mes cousines, mariée depuis plus de quarante ans, l’expression de l’amour ne fait pas de bruit. Le plus simple geste est souvent le plus éloquent :
Je ne crois pas que notre relation pourrait exister sans un certain côté romantique, ces petites joies, ces cadeaux inattendus que nous nous faisons, qui confirment et renouvellent notre amour jour après jour. Pour moi, c’est toujours une bonne surprise quand mon mari, qui a du talent pour écrire, m’offre un poème ou m’apporte des fleurs pour notre table. Et lui, il apprécie tellement quand je lui prépare, à la fin de la journée, une tasse de café ou des biscuits tout chauds !
Nous avons découvert que rien ne fait plus de bien qu’un bon éclat de rire quand nous nous racontons les petites expériences de la journée… Bien sûr, le mariage est un engagement sérieux pour la vie. Mais je pense que nous pouvons aussi conserver dans le mariage un esprit d’enfance, et garder confiance en Dieu qui nous guide, pas après pas. Il nous arrive de trébucher, de faire des erreurs, de ne pas être d’accord, de nous disputer. Mais après coup, nous ne nous en aimons que davantage.
L’Esprit permet de vivre des expériences sur un plan radicalement différent.
Quand deux personnes cherchent à approfondir leur relation et leur intimité, elles le font généralement à partir d’émotions partagées, de valeurs, de projets communs et d’une bienveillance mutuelle. Tout cela est important. Mais il faut bien reconnaître aussi que le Saint-Esprit permet de vivre d’autres expériences, sur un plan radicalement différent, entre mari et femme.
Certainement, un amour conjugal basé sur des élans émotionnels peut être merveilleux. Mais il risque aussi de sombrer très rapidement dans le désespoir et le malheur. À long terme, il n’a pas de fondement solide. L’amour trouve son assurance et sa solidité quand ils se laisse guider par l’Esprit de Dieu.
Si nous ne recherchons l’unité et l’amour qu’à un niveau humain, nous ressemblons à des nuages qui flottent dans le ciel. Quand nous recherchons l’unité dans l’Esprit, Dieu peut allumer en nous un amour fidèle qui durera jusqu’à la fin. L’Esprit consume ce qui ne dure pas. Il purifie notre amour. Le véritable amour ne trouve pas sa source en nous ; il nous est donné.
Un mariage dans le Saint-Esprit est une alliance de fidélité. Sans loyauté, il n’y a pas de véritable amour ou de vrai bonheur. Dans notre société, le mariage connaît une crise sans précédent, qui devrait inciter les conjoints à approfondir et à intensifier leur engagement mutuel. La fidélité trouve sa source dans la certitude intérieure de l’appel que nous avons reçu. Elle provient d’une joyeuse soumission au projet de Dieu.
Dans sa Confession de foi de 1540, l’anabaptiste Peter Riedemann présentait trois niveaux du mariage selon le plan de Dieu :
1. Le mariage de Dieu avec son peuple, du Christ avec son Église, et de l’Esprit avec notre esprit (cf. 1Co 6,17).
2. La communion entre les membres du peuple de Dieu – la justice et la communion fraternelle des esprits et des âmes.
3. L’unité entre un homme et une femme (cf. Ephésiens 5,31), « visible et connue de tous »
L’unité dans la foi est le plus solide fondement du mariage.
L’apôtre Paul met lui-aussi en parallèle le mariage et la communion dans l’Esprit quand il dit aux maris d’aimer leur femme comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle (Ephésiens 5,25). Pour les chrétiens, le mariage est le reflet de l’unité la plus profonde : celle qui unit Dieu à son Église.
C’est pourquoi, dans un mariage chrétien, c’est cette unité du Royaume de Dieu, en Christ et dans le Saint-Esprit, qui importe le plus. En fin de compte, il s’agit du seul fondement solide sur lequel un mariage peut se construire. Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. (Matthieu 6,33)
Le mariage devrait toujours conduire deux croyants à se rapprocher de Jésus et de son Royaume. Il ne suffit pas de se marier à l’Église ou devant l’un de ses pasteurs. Pour se rapprocher du Christ, ils doivent d’abord se consacrer entièrement, chacun pour sa part, à l’Esprit du Royaume de Dieu et à l’Église qui, en tant que communauté, est à son service dans l’obéissance. Il faut que règne avant tout une pleine unité de foi et d’esprit. Alors seulement ils connaîtront une véritable unité d’âme et de corps.
C’est pourquoi du moins traditionnellement tant d’Églises ont été réticentes à bénir l’union d’un de leurs membres avec un conjoint qui n’aurait pas partagé sa foi en Christ (cf. 2 Corinthiens 6,14). Ces Églises estiment que celui qui se laisse conduire par l’amour et la justice que professe une véritable communauté chrétienne ne saurait lui rester « étranger ».
Elles pensent aussi qu’un mariage entre l’un de leurs membres et une personne qui resterait éloignée de l’Église et qui ne partagerait pas l’essentiel de sa foi passerait à côté de cette communion spirituelle qui est le lien d’un mariage solide.
Quand l’amour d’un homme et d’une femme s’abandonne au Saint-Esprit, se place sous son autorité et sa direction quand cet amour se met au service de l’unité et de la justice du Royaume de Dieu, rien n’empêche leur mariage. Par contre, quand un couple n’a pas d’unité spirituelle, il ne devrait pas être question de mariage à l’Église. Si l’Église est vraiment le Corps du Christ, l’unité de ses membres devant Dieu doit primer sur toute autre considération.
Rappelons que ce que requiert un mariage chrétien ne saurait jamais coïncider avec un catalogue d’exigences humaines, ou se résoudre par des principes, des règles et des lois. Cela se comprend dans la lumière de la communion en Dieu, qui rayonne de ceux qui ont fait l’expérience de son Esprit, qui l’ont accepté personnellement et qui ont commencé à vivre en accord avec lui.
Ce que Dieu veut, fondamentalement, c’est l’unité. C’est pourquoi Jésus, dans sa dernière prière, a prié pour que ses disciples soient un, comme lui et le Père sont un (cf. Jean 17,20-23). C’est cette volonté d’unité de Dieu qui a apporté la Pentecôte au monde. Par l’effusion de l’Esprit, des cœurs ont été bouleversés, des gens se sont convertis et ont reçu le baptême.
Les fruits de leur vie nouvelle n’ont pas été seulement spirituellement. Les aspects matériels et pratiques de leur vie ont aussi été touchés. Ce fut même une révolution. Ils ont rassemblé leurs biens, les ont vendus, en ont déposé le montant aux pieds des apôtres. Par amour, chacun voulait donner tout ce qu’il possédait.
Et pourtant, nul ne manquait de rien. Chacun recevait selon ses besoins. On ne gardait rien pour soi. Cette révolution n’était pas régie par des lois ou des principes. Jésus lui-même n’avait pas précisé comment il fallait faire. Il avait seulement dit :
Vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres. (Matthieu 19,21)
Voilà ce qui s’est produit le jour de la Pentecôte : l’Esprit est descendu et a uni les cœurs et les vies de ceux qui étaient devenus croyants (cf. Actes 2,42-47).
L’Esprit nous libère de la mesquinerie et apporte l’unité des cœurs.
Une unité authentique, de même que la joie ou l’amour, ne viendra pas de la contrainte ; elle ne sera pas créée artificiellement. Seul l’Esprit peut apporter l’unité. Seul l’Esprit peut nous libérer de notre mesquinerie, de la culpabilité et du péché qui nous séparent de Dieu et des autres.
Certes, nous pouvons essayer de nous libérer de ces forces par notre propre volonté ; nous parviendrons parfois à les vaincre, dans une certaine mesure et pour un temps. Mais, en définitive, seul l’esprit d’amour peut vaincre la chair.
N’oublions jamais que nous dépendons de la direction du Saint-Esprit (cf. Galates 5,25). Même au sein du mariage, si la relation se fonde uniquement sur des sentiments réciproques ou des valeurs communes et non pas sur l’Esprit, elle court le risque d’être absorbée par ses aspects érotiques et émotionnels.
Par nous-mêmes, nous ne sommes pas capables de faire advenir l’unité spirituelle par laquelle deux cœurs ne deviennent plus qu’un. Ce n’est possible que quand nous nous laissons saisir et transformer par quelque chose de plus grand que nous.
Quand un mariage s’ancre dans le Saint-Esprit, les deux partenaires prennent conscience que leur amour ne leur appartient pas ; c’est un fruit, un don de l’immense amour de Dieu. Ils devront encore combattre l’égoïsme, la tentation de l’infidélité ou d’autres problèmes. Mais s’ils gardent leurs cœurs ouverts, l’Esprit tournera leurs regards vers Dieu pour qu’il leur vienne en aide.
Que l’Esprit, encore et toujours, habite chacun de nous, que nous soyons mariés ou non ! Dieu veut transformer ce que contient notre cœur et nous donner la force d’aimer. Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul dit :
“L’amour excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne disparaît jamais.” (1 Co 13,7-8)
L’amour naît du Saint-Esprit. Seul l’Esprit peut donner vie et durée à un véritable mariage…
Ce texte est un extrait du livre « LA SEXUALITÉ LE MARIAGE ET DIEU » écrit par Johann Christoph Arnold.
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