En Afrique comme sur les autres marchés frontières, cela ne sert pas à grand-chose de se préparer (ou de réagir) à la corruption de manière isolée. La corruption coïncide généralement avec d’autres problèmes de gouvernance, comme une bureaucratie écrasante, une pénurie de main d’œuvre ou de compétences, voire des deux.

À cet égard, les entreprises peuvent tirer des leçons de la sociologie. Mieux vaut réfléchir à la façon dont une entreprise obtient une bonne gouvernance plutôt qu’apprendre comment éviter la corruption, qui n’est qu’un symptôme de mauvaise gouvernance.

Ce chapitre propose quelques éclairages sur le développement d’un contexte favorable à une bonne gouvernance en Afrique, et plus spécifiquement sur la manière de nouer une relation constructive avec le gouvernement.

Les gouvernements jouent en Afrique un rôle plus important pour la vie de la plupart des entreprises que partout ailleurs. Selon Pricewaterhouse Coopers, 21 % des PDG africains disent tirer un tiers ou plus de leur chiffre d’affaires de l’État. C’est le cas de 15 % des PDG dans le monde. Et 67% des PDG africains pensent que les gouvernements des marchés émergents sont des moteurs de croissance pour leur entreprise, contre 52 % dans le monde.

Les entreprises ont gravement pâti des débâcles des gouvernements, ce qui n’a rien de surprenant. James Mworia considère l’échec des gouvernements comme une toxine qui a empoisonné un terrain sur lequel aurait pu pousser une génération de brillants chefs d’entreprise. « Steve Jobs n’est pas Kenyan. Pourquoi ? », demande-t-il. « Parce que les Steve Jobs d’ici ne sont pas parvenus à se frayer un chemin à travers la corruption. Si vous regardez la stabilité macroéconomique, vous voyez qu’elle est fonction de la stabilité politique. Il y avait peut-être des centaines d’entrepreneurs de cette trempe avec des idées géniales qui n’ont pas pu éclore pour cette raison. » C’est le prix de la mauvaise gouvernance en Afrique.

Ce prix serait en train de baisser, si l’on en croit le rapport Doing Business de la Banque mondiale? qui évalue le climat des affaires dans 183 pays. Le rapport de 2012 soulignait en particulier les progrès de l’Afrique subsaharienne. Dans cette zone, 36 pays sur 48 ont mis en place en 2010-2011 des réformes facilitant les affaires : c’est la proportion la plus forte au monde. Ce changement ne se limite pas à l’Afrique subsaharienne. C’est le Maroc qui a le plus progressé en montant à la 94ème place. Quatre autres pays africains (Sao Tomé-et-Principe, Cap Vert, Sierra Leone et Burundi) faisaient partie des onze économies où les affaires ont le plus été facilitées par diverses règlementations.

Néanmoins, l’Afrique a encore bien du chemin à parcourir.

L’Ile Maurice, l’Afrique du Sud et la Tunisie sont les seuls pays africains à figurer dans les 50 premiers dans le monde. À l’opposé, treize des pays du bas de la liste sont africains. On estime toujours que les pays d’Afrique subsaharienne ont des institutions judiciaires faibles et compliquées avec des processus réglementaires coûteux. L’Afrique du Nord s’en tire légèrement mieux sur les deux fronts, mais est toujours à la traîne d’autres régions en développement, et l’élan des réformes s’y est trouvé ralenti par le Printemps arabe.

En dépit de ses scores bas, l’Afrique progresse, et continue de réduire l’écart qui la sépare des économies développées en termes de facilité d’entreprendre. C’est ce que montre la figure 6.1 :

(…)

Ce texte est un extrait du livre « Ces Entreprises qui Réussissent En Afrique » écrit par JONATHAN BERMAN.

Nous vous invitons à lire l’article suivant « LA RÉVOLUTION DE LA GOUVERNANCE« .

Comments (0)


Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Required fields are marked *